Les déplacements des pèlerins vers Saint-Jacques-De-Compostelle, vers Rome et Jérusalem et vers de nombreux autres lieux de culte ont constitué une dynamique de civilisation à l’échelle du continent européen et représenté, dès le Haut Moyen-Age, un espace ouvert à la libre circulation des idées et des personnes.Des rois tels que saint Louis de France, des personnalités comme sainte Brigitte de Suède, des évêques et des grands seigneurs, des bourgeois et des marchands, des artisans ou de simples particuliers, ont partagé l’effort physique et la recherche d’un idéal commun dans leurs démarches pèlerines. Le pèlerin était considéré à son retour comme un homme nouveau
sur le plan spirituel d’abord et selon la mentalité de l’époque parce qu’il avait tiré le bénéfice de son pèlerinage,
sur le plan humain ensuite parce qu’il était allé très loin en Europe, il avait approché d’autres horizons, d’autres nationalités et d’autres cultures, parce qu’il avait connu d’autres modes de vie et qu’il avait appris à mettre en valeur la différence, il avait réellement participé à la construction d’un monde nouveau.
Les vestiges de l’oeuvre de civilisation développée par les mouvements de pèlerinage, constituent aujourd’hui un patrimoine majeur, artistique, architectural, musical, littéraire, ethnographique et imaginaire, qui nous permet de retracer les voies de pèlerinage d’un bout à l’autre de l’Europe. Mais, sauf exception rarissime, il n’y a pas eu de chemins réservés seulement aux pèlerinages puisque ceux qui parcouraient les chemins pour des missions politiques, des raisons commerciales ou artistiques circulaient sur les mêmes voies. Parfois subsiste le vestige d’un sanctuaire de pèlerinage et d’un chemin qui lui était spécifique. C’est au travers de leurs chemins qui étaient ceux de tous que se sont développés l’art roman puis l’art gothique, que les chansons de geste ont circulé, que s’est produit la synthèse des cultures érudites et populaires dans l’Europe médiévale.
